Ma peinture se veut simplement picturale, plastique pour elle-même, autonome. Elle a ses règles mais n'existerait pas sans improvisation: manifestation spontanée d'émotions, de pulsions, représentation d'un moment dont la signification masquée se matérialise sur la toile.
Ce qui m'intéresse, c'est ce qu'il y a au-delà. Parfois, je scrute un de mes espaces improbables et ce que j'y vois me donne envie de ne sélectionner que cette partie pour en faire une œuvre entière.
D'abord, une intention, rendre une sensation, envie de s'enfoncer dans le tableau comme dans un paysage. Il faut passer du temps à arpenter la surface pour la connaître. Ombre et lumière? Très attaché à l'importance de la lumière, lumière tantôt chaude, ambrée, tantôt froide, aux reflets opalins.
L'obscurité se matérialise très souvent par une frontière qui dirige le regard du spectateur vers des tons plus profonds. Dire l'essentiel des choses sans en dessiner le contour et sans aller jusqu'au détail reconnaissable.
Chercher à ce que mes peintures soient un espace de méditation et/ou de questionnement, le sens qu'on leur donne peut se faire ou se défaire. Peut-être “un côté peinture des premiers âges, recherche des émotions pures, désir de revenir à un espace simple, viscéral-proche de l'instinct. Aux limites du rêve, juste avant le sommeil, là où la conscience s'abandonne.
Gestuelle parfois automatique qui confère à la peinture la sensation d'un mouvement incessant (vibrations, battements, flux...)
Rapport avec des parois, des grottes ou des trouées. Regarder à l'intérieur, pénétrer l'obscurité. Faisceaux de lignes, de plans...tout est en suspens: mouvements, odeurs, particules de matière. Chaque parcelle du tableau comme un tremplin nous entraîne en avant, creuse un peu plus l'espace, se frayer un chemin pour atteindre la profondeur.
Paysages intérieurs - mais aussi des fenêtres ouvertes: thème matissien de la fenêtre.
Regarder ses toiles comme on se tient à la fenêtre.
De la fenêtre, elles ont d'ailleurs la structure et la rigueur. Le peintre isole, délimite, distingue” - Michel Moison – 2008.
Développer une peinture fondée sur la trace de la genèse du travail, comme si on avait effacé la première écriture et écrit un nouveau passage. L'idée est que les couches inférieures transparaissent en filigrane.
Peindre, cette insistance a-t-elle toujours un sens aujourd'hui? La peinture est un lieu où l'on se perd pour celui qui la fait, de même que pour celui qui la regarde. Moments fugitifs, moments de doutes, instants de bonheur,
