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Caroline Guth Mirigay

Il est des artistes qui nous plongent d’emblée dans l’espace des vérités contemporaines et Claude Duvauchelle en fait partie.

 Son œuvre est indéniablement au cœur d’une pensée engendrée par la fin du religieux, d’une quête cheminant au sein d’un monde sans dieu et à la recherche d’un mysticisme profane.

L’œuvre de Claude DUVAUCHELLE est à n’en point douter celle de nos angoisses quotidiennes, celle d’un monde qui se délie.

Dans cette œuvre lumineuse et sombre, l’angoisse d’exister se fait d’autant plus palpable qu’elle fait fond sur une forme de récurrence du propos qui se décline par la variation de la technique, des teintes, des supports et s’amplifie par la rencontre de la peinture et du dessin, des croquis ; œuvres où parfois les corps peints rejoignent les masques,où la peinture croise les momies sculptées.

Incontestablement,l’œuvre de Claude DUVAUCHELLE est celle de l’incarnation du Vertige, disons même de nos

vertiges existentiels.

Fixez ne serait-ce que quelques instants ces grandes toiles où l’austérité du noir contraste avec l’exubérance du rouge et vous ne pourrez esquiver cette impression de vertige.

Inévitablement, ces corps musculeux vous paraîtront s’animer d'un mouvement d'oscillations. Angoisse et vertige au cœur de cette œuvre puissante et tragique,vertige propre à notre contemporanéité, vertige se nourrissant de nos inquiétudes quant à l’avenir, face à une existence qui nous semble sans issue.

Dans l’œuvre de Claude DUVAUCHELLE, parfois le vertige peut frôler une paradoxale euphorie,celle engendrée par la majesté de ces multiples nuances de rouge, par ces corps fuselés et virils.

Vertiges encore quand nous éprouvons à la vue de cette œuvre ample, faisant dialoguer la peinture, la sculpture et la musique, toutes les émotions humaines, tout le panel infini des perceptions du corps et de l’esprit avec intensité et rage.

Vertige et ivresse de ces corps valsant où l’on perçoit avec saisissement l’agitation des nerfs, le mouvement des muscles, le corps en désordre pris dans le chaos de son ébranlement.

Alors nous vient cette angoissante sensation de perte d'équilibre et de chute éprouvée au-dessus du vide qui semble exercer, au cœur de cette peinture, une

attraction irrésistible.

Chez Claude DUVAUCHELLE souvent les chairs, les corps sont encerclés par le noir et éclairés par des couleurs chaudes.Ils sont figés par la tension et se dédoublent. Ils ne cessent leur chute, le déséquilibre est permanent et l’extrême tension du propos se condense dans les mains et les pieds.

Le corps n’est pas choisi pour ce qu’il a d’esthétique mais de pulsionnel.

Tout est spasmes,convulsions et mouvements retors. Les mains sont tendues et saisissantes, les doigts tortueux parfois crochus comme ces masques à becs qui apparaissent sur certain tableau, les pieds semblent repousser, fuir.

Ici la nature humaine apparaît dans sa brutalité et sa morbidité ; mais brutalité anxieuse car le corps n’est jamais stable et assuré, il est toujours comme emporté par le vertige.  Celui de son animalité première ?

Il n’y a rien de ludique dans ces corps abîmés, rien de dansant dans ces chairs exposées.Il n’y a rien que du pulsionnel, du corps derrière la chair, ce qui vient signifier la désacralisation du sujet.




ophelie  GREVET  

Corps à corps…

Le corps en mille poses, variations, dislocations, paraît comme le thème récurrent d’un travail autour de la souffrance humaine.

Face à face, mise à nue, on se fige. Peu à peu à l’étourdissements’évanouit, les yeux s’habituent lentement à la mise en orbite d’expressions diverses et variées de l’anatomie, dans un univers autre, que le Musée de l’homme.

Perspective, mouvement,proportions, Claude DUVAUCHELLE explore en cartographe l’écartèlement des corps, allégorie sans équivoque du délabrement programmé du monde actuel...