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dires

  Charlotte Benoit



Née à Innsbruck, Marie Paule Benoît-Basset quitte l’Autriche à l’âge de 7 ans pour ne jamais vraiment se fixer, entre l’Algérie et les 4 coins de la France. Originaire de partout et de nulle part, d’ici et d’ailleurs, c’est grâce à cet univers sans racines que cette artiste à la sensibilité exacerbée à su développer au fil des années une œuvre arrivant aujourd’hui à sa pleine maturité.

Le début de sa carrière artistique voit naître une production d’huile sur bois, pour la plupart, recréant le monde imaginaire de l’artiste : mi-femmes, mi-monstres, ses personnages interpellent du regard le spectateur.

Mais derrière l’arrogance de la difformité se cachent des corps meurtris en quête de reconnaissance et de dialogue. Larges yeux implorants, doigts minces et fragiles, les « monstres »des premières séries de Marie Paule Benoît Basset écorchent à vif notre sensibilité.

Sa carrière semble ensuite prendre un léger tournant. En repassant de l’huile à l’aquarelle, l’artiste se met à explorer les méandres du silence et de la solitude à travers des paysages aux reflets de désolation. Arbres meurtris par le froid, par la rudesse de la terre ; isolement, abandon, mais aussi calme, quiétude et infinie solitude.

Depuis maintenant plusieurs années, Marie Paule Benoît Basset marche sur le sinueux chemin de la maturité artistique. En une démarche inconsciente, mais au regard de l’ensemble de son œuvre tellement évidente, elle a réuni en une synthèse certaine toutes les constantes graphiques et émotionnelles présentes depuis le début de sa carrière :

Elle montre aujourd’hui des êtres aux formes exacerbées, pas seulement femmes mais déesses mères en quête d’union avec l’autre et porteuses de devenir.

Des antennes les relient en silence mais de façon beaucoup plus forte et définitive que ne pourrait le faire une parole ou même un regard. Corps ouverts en total don de soi, sans peur ni retenue, prêts à donner comme à recevoir. Bras tendus,mains ouvertes en toute conscience et acceptation de leur sort.Recherche d’éternité à travers l’autre, mais surtout avec et par l’autre. Totémisme contemporain, la femme n’est plus femme mais universalité. Son sein et ses racines nourrissent la terre.Elle devient même « Dieu-Mère » lorsqu’elle abrite en son sein l’humanité à l’image d’une Vierge de Miséricorde.

L’arbre des premières aquarelles est toujours omniprésent, chargé de symbolisme. Les branches, qui comme les vaisseaux sanguins irriguent le corps, comme les fleuves nourrissent la terre, unissent les êtres dans une communion supérieure.

La terre et le ciel des aquarelles s’imposent encore aujourd’hui. La terre nourricière, porteuse de vie et la voie lactée protectrice des hommes si faibles et si fragiles.

Et le silence enfin et surtout.

Le silence des visages sans cheveux, sans yeux,sans bouches ni oreilles. La quiétude d’une recherche intérieure.Marie Paule Benoit Basset a su créer un monde bien à part, bien à elle, où les hommes ne sont que symboles, essence et universalité.Un monde à la sensibilité exacerbée, presque outrancière ; où le corps et l’âme ne font qu’un.