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Victor SOREN


 

 

Dans l'enfance tout est magique

Article ARTENSION Mars-Avril 2017

  Christian Noorbergen

"Les sources de Victor Soren furent Jerôme Bosch, Vermeer, Goya, le méconnu graveur Rodolphe Bresdin (1822-1885) et Alfred Kubin, puis l'immense decouverte de Louis Pons la « déclenche »


"J'ai besoin de dessiner, mais dessiner est de l'ordre d'un combat où je ne gagne qu'une fois sur cent. Le dessin est une confrontation quotidienne à l'échec".


Mais chez ce trop modeste, pas un trait ne bouscule l'insidieuse présence de ses implacables dessins, Scénographie de l'étrange et du danger, de la blessure et du surgissement.


Chez Vermeer, la lumiere fait disparaître l'affrontement tendu des choses et des êtres, Chez Soren, dans l'ombre lointaine du maître de Delft qui hante encore sa memoire, la nuit des êtres et des choses affronte chaque entité qui ose se dégager de l'opacité.


Animale ou humaine, chaque créature, chaque apparition, n'est qu'une flaque de vie fragile qu'hésite à s'accrocher au reel, et qui craint de naître au monde.


Proximite cruelle de l'engloutissement, quand les rêves de la vie première virent sans cesse à l'impensable cauchemar.


L'inguérissable enfance est le lieu féerique et prodigieux de l'art « charge » de Soren. « Dans l'enfance, tout est magique » dit Soren.


Tout naît d'une mémoire en abîme, latente, omniprésente, destructrice, et formidable de puissance créatrice. Les épreuves du passé exorcisent les affres du présent, quand la part d'ombre de la condition humaine illumine nos ténèbres.


Soren sacralise les peurs oubliées et toujours partagées de l'enfance. Ce qu'est tapi tout au fond aveugle les surfaces, « c'est une forme de paradis perdu » dit encore Soren.


Dans cet etat sauvage, des animaux toujours imposants, en un bestiaire inouï, ont droit de vie et de liberte. Des enfants d'éternité, aux airs de poupée désarticulée, jouent avec eux.

Dans cette incessante confrontation à dessin nu, Soren s'ouvre aux fondamentaux du corps et de la nuit.  L'animal et l'enfant partagent la même sidérante fatalité. Ils partagent les mêmes cicatrices, et chaque dessin est une tourmente graphique. Chaque œuvre invente une zone."