»  »  »  »

   

Denis BLONDEL



L'EXPRESSIONISME TRUCULENT

Miroir de l'art n°87 - Novembre 2017

"Rebeyrolle a montré la voie. Et c'est bonheur de voir que la route qu'il a tracée, d'autres l'empruntent à leur tour, pour s'en affranchir ensuite et ouvrir de nouvelles pistes, découvrir des territoires jusque là inexplorés.

Ainsi Denis Blondel dont l'expressionnisme truculent et anticonformiste réjouira les amateurs du grand maître disparu, nous offre une peinture qui se déguste avec gourmandise, et qui n'aurait pas déplu à Rabelais, Wolinski ou même Bukowski.

Le verbe est haut, la couleur à son paroxysme, chaque toile est un pied de- nez, ou bien un doigt d'honneur, c'est selon, à ceux qui voudraient que la peinture ne dise que de jolies choses bien niaises et se garde de tout message .

A l'instar d'un Hermle par exemple, Denis Blondel s'inspire du spectacle sans cesse renouvelé de ses contemporains, et couche sur la toile leur travers quotidiens, leurs misères sexuelles, leurs vies sans attrait. L'outrance et la provocation soulignent à gros traits sa vision sans concessions d'une société perçue comme une vaste farce. Il n'y va pas de main morte l'ami Blondel, et certaines peintures sont autant d'impitoyables sarcasmes.

Sa série des Pensionnaires, par exemple dépeint une humanité livrée à ses pulsions et mâtinée d'ennui.

Pour autant, dans ses peintures affleure à chaque instant, comme en parallèle du propos une indubitable tendresse. A travers ses personnages aux corps flasques et relâchés, aux grands yeux écarquillés, et dont la bouche semble parfois un gouffre au fond duquel toute parole restera inaudible il ne cesse de nous inviter à davantage de compassion et d'amour.

C'est un monde qui oscille entre d'absurdes joies et d'insondables tristesses, que le peintre convoque sur la toile, un monde où l'on s'endort le dimanche soir devant l'écran de télévision, la tête renversée en arrière, où l'on se serre les coudes par réflexe autant que par affection, où l'on meurt comme dans le dernier acte d'une pièce de Shakespeare, avec un rien d'exagération.

En vérité, Denis Blondel n'est pas seulement un artiste qui peint au scalpel, qui caricature son époque, c'est aussi et avant tout un poète dont les vers aux mots crus sonnent comme des pamphlets joyeux jetés à la face d'une société qui ne sait même plus rire d'elle-même.

Puisque tout est perdu rions ensemble suggère Blondel. Et en bonne compagnie, s'il vous plaît !"